mardi 3 avril 2018

Le Songe d'une nuit d'octobre

Un roman de Roger Zelazny, publié chez ActuSF.


Deux précisions concernant le résumé de quatrième de couverture :
- Vous ne devriez pas le lire.
- Il vous promet du steampunk mais à mon sens ce n'en est absolument pas.

Présentation de l'éditeur :
Quand le steampunk rencontre le mythe de Cthulhu.
 Octobre. Dans 31 jours, le portail s’ouvrira et les Grands Anciens déferleront sur le monde. 
 Dracula, Sherlock Holmes, Raspoutine, le docteur Frankenstein… Ils seront tous là. Mais feront-ils partie des ouvreurs avides de pouvoir, ou seront-ils des fermeurs qui s’opposeront aux horreurs indicibles ? 
 Les familiers de ces personnages seront eux aussi impliqués dans cette murder party ésotérique riche en rebondissements. Tout particulièrement Snuff, un chien dont le maître, Jack, aime se promener la nuit dans Londres avec son grand couteau... 
 Le Jeu va commencer. 
 Quel sera votre camp ? 
 Roger Zelazny est l’auteur de la saga des Neuf Princes d’Ambre. Avec Le Songe d’une nuit d’octobre, il rend hommage avec humour à l’univers de H.P. Lovecraft.

Entre Zelazny et moi, c’est surtout une histoire de marelle, de lames de tarot et de princes, quelques nouvelles arrachées au hasard et des titres de romans griffonnés depuis longtemps sur une liste de livres à lire… Mais cette réédition chez ActuSF était tellement tentante, même pour quelqu’un comme moi qui ne suis guère amatrice des écrits de Lovecraft… Imaginez… Le mois d’octobre, mystérieux entre tous, une bataille ésotérique et néanmoins épique en préparation, des personnages connus et réinterprétés, mais, surtout, un récit écrit du point de vue de leurs familiers ! Je ne pouvais pas résister.
Pour une fois, ce sont les personnages d’ordinaire cantonnés à la figuration (même pas aux rôles secondaires !) qui se trouvent au premier plan. Avec les animaux on a l'impression de voir l'envers du décor sans que cela devienne pour autant une histoire de seconde zone car ils participent activement à la préparation du rituel.
Le récit se découpe en jours et va crescendo jusqu’au 31 octobre, quand la lune sera pleine et le destin du monde scellé lors du combat opposant les ouvreurs et les fermeurs. Les événements nous sont contés par Snuff, chien de garde placide et consciencieux au service d’un dénommé Jack… Snuff est un très chouette personnage, malin, sympathique. On sent qu’il connaît tous les rouages du Jeu. Il semble assez patelin quand il coopère avec les autres familiers, mais pas non plus de nature à se laisser doubler. Il est déroutant de découvrir un personnage si facilement attachant associé à un maître que l’on s‘attend à trouver tout de suite antipathique… Cependant, même la façon dont ces personnages connus sont traités est originale. Jack, par exemple, a peut-être une autre inspiration que celle que vous attendez. Cependant, cela ne sera jamais dévoilé.
Zelazny a une façon particulière de se servir de l’humus généré par tout notre imaginaire commun et de faire pousser ses propres hybrides, créant son univers, sa mythologie. Le doute plane, toujours, quant à la vraie nature de ces figures qui nous semblent si familières. Vous pouvez choisir d’ignorer les références car de toute façon ce que Zelazny a pris, il en fait ce qu’il en veut, ou vous amuser à les décortiquer. Vous ressentirez cette dualité, vous vous trouvez en terrain connu, pourtant vous n’arriverez pas pour autant à vous repérer, comme si vous connaissiez l’espace, mais pas le temps (ou inversement).
J’ai passé un excellent moment avec cette lecture, délaissant mes tâches pour la continuer, rechignant à la lâcher pour aller dormir. Bien sûr, dénicher les références cachées et leurs implications possède un certain charme, cependant la force du récit réside dans l’envie du lecteur de percer les secrets du Jeu. On se laisse vite entraîner dans la partie, on s’implique. Avec Snuff on cherche des indices, on essaie d'identifier qui est ouvreur, qui est fermeur. Y a-t-il seulement des gentils et des méchants dans cette histoire ?!
La préface de Thimothée Rey est très intéressante. Oui je lis toujours les préfaces et je vous encourage à lire celle-ci, avant ou après le roman, à votre convenance, car elle explicite certaines références. Je ne les aurais pas toutes saisies sans cela. Mon ignorance n’aurait pas été grave, néanmoins ces éclaircissements ont enrichi ma perception et cela est toujours une bonne chose.
Le Songe d’une nuit d’octobre est un excellent roman que vous pourrez apprécier même en ayant des connaissances très restreintes concernant l’univers de Lovecraft (voire aucune) car malgré ce jeu de références permanent l’histoire se suffit à elle-même et demeure très divertissante.


Découvrez également les avis d'Acr0, Chani et Dionysos.



Ce roman compte pour la lettre Z du Challenge ABC imaginaire 2018.


2 commentaires:

  1. Ah j'ai ta nouvelle adresse maintenant :p

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  2. Bienvenue, fais comme chez toi, ne prête pas attention aux odeurs de peinture fraîche. :P

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