lundi 8 avril 2019

Beaumarchais ou l'irrévérence

Une biographie écrite par Marie Geffray et publiée aux éditions du jasmin.


On connaît le dramaturge, bien sûr, resté célèbre pour la trilogie de Figaro. Et si on a suivi des études littéraires, on connaît aussi un peu l’homme. Brillant, libertin autant que libertaire, très en avance sur son temps et jouant néanmoins des inégalités de son époque pour s’élever socialement. Beaumarchais était un homme d’une remarquable intelligence, animé par de grands idéaux mais possédant aussi une bonne dose de pragmatisme. Jonglant en permanence entre raison et aspirations, il était tout en contradictions.
Cette biographie retrace son existence de manière très chronologique, anticipant peu, détaillant beaucoup. Elle ne prend pas souvent parti — ce qui est une bonne chose, mais s’attache à montrer quel bel esprit était Beaumarchais. On connaît l’auteur par ses plus grands succès, mais connaît-on le fils d’horloger, le jeune artisan doué qui a su se hisser dans les hautes sphères, puis le négociant qu’il est devenu par la suite ? Connaît-on l’homme pugnace et généreux qui malgré les revers — et il en a connu de nombreux — n’a jamais renoncé ?
Il était sans doute trop en avance sur les mœurs de son époque, mais beaucoup trop subtile pour se laisser piéger par les excès de la Révolution. Tout influencé qu’il était par l’humanisme des Lumières et souhaitant ardemment faire évoluer la France en luttant contre les inégalités sociales et les injustices, il était un homme aussi passionné que raisonnable, usant de son esprit et n’aspirant guère à la répression ni à la violence. Toutes les difficultés qu’il a rencontrées au cours de son existence ne sont jamais parvenues à l’abattre ni à rogner ses ambitions ou sa soif de justice. Ce sont sa grande intelligence et ses capacités d’adaptation qui en font encore aujourd’hui un personnage si intéressant.
Venu à la littérature par jeu ainsi que par intérêt social et resté célèbre par elle, il est néanmoins une figure historique qui mérite notre intérêt. Il n’a jamais cessé d’apprendre, ce que je trouve remarquable, et a exercé une bonne douzaine de métiers différents, dont espion et éditeur. Il a participé à de nombreux combats. Il s’est, entre autres, battu pour les droits des auteurs alors même qu’il ne comptait pas tirer de ses pièces un revenu substantiel.
Travailleur acharné, aimant néanmoins le luxe et les plaisirs de la vie, visionnaire et profondément marqué par la philosophie des Lumières, Beaumarchais fut l’un des grands hommes de son temps, bien qu’il ne sût, ou ne souhaitât, prendre le tournant de la Révolution, ni ne fût toujours récompensé pour ses prises de position, notamment dans l’aide qu’il apporta à la toute jeune nation américaine. Si on ne lui a pas rendu justice, c’est sans doute parce que ses intérêts touchaient souvent de près ou de loin aux combats qu’il menait. C’est là toute sa dualité.
Cette biographie est relativement agréable à lire. Fluide dans les premiers chapitres, elle se fait toutefois plus brouillonne et répétitive dans les derniers. Elle est cependant très complète et donc une bonne base pour en apprendre davantage sur Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais.

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