samedi 4 mai 2019

La Forêt des araignées tristes

Un roman de Colin Heine, publié chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :
Bastien est paléontologue : sa spécialité ? Étudier les créatures étranges qui naissent de la vape, ce mystérieux brouillard aux propriétés énergétiques extraordinaires qui a recouvert le monde et menace de l’engloutir un peu plus chaque jour. Tour à tour victime d’un dramatique accident en apparence banal duquel il réchappe de justesse et témoin d’un attentat, où sa survie ne tient à nouveau qu’à un fil, il voit son destin basculer. Le voilà pris dans l’engrenage d’une affaire d’espionnage d’envergure internationale, sous les feux croisés d’une société secrète d’assassins, de brutes armées et d’une agence de détectives aux méthodes douteuses. Sans compter qu’une créature cauchemardesque, tout droit venue des Vaineterres, ces zones perdues dans un océan de vape, semble bien décidée à lui faire la peau...
Né à Paris, Colin Heine habite désormais en Autriche où il enseigne l’allemand. Après avoir fait ses premières armes dans la traduction et pratiqué le jeu de rôle pendant de nombreuses années, il signe avec La Forêt des araignées tristes un premier roman bluffant de maîtrise. Jonglant entre intrigue politique et aventure, horreur et critique sociétale, il cisèle un univers Belle Époque envoûtant, à l’ambiance steampunk teintée de gothique.
La Forêt des araignées tristes m’a d’emblée paru un roman steampunk comme je les aime. Il s’en dégage l’ambiance du genre, avec ses gentlemen et ses aventuriers, ses dirigeables, sa technologie typiquement rétrofuturiste et son climat social délétère… Cependant, il déploie aussi tout ce qui fait l’essence du roman d’aventure, entre espionnage, complots, menaces de guerre et exploration. On ne s’ennuie pas un seul instant, du moins dans les deux premières parties. 
Dans ce monde qui ne fait que renvoyer des échos du nôtre, la vape envahit les terres, laissant quelques poches de-ci de-là qui permettent aux humains de vivre dans une sécurité relative. En effet, la vape est dangereuse, des créatures monstrueuses et prédatrices s’y développent. Mais les humains sont pris dans un cercle vicieux, leur technologie produit de la vape, résidu de l’ignium, et sans ignium pas d’énergie pour repousser la vape… Les riches se réfugient dans les hauteurs tandis que les pauvres vivent à deux pas de la vape. De grandes compagnies envoient des vaisseaux explorer les lointaines poches, afin de trouver de nouvelles ressources. C’est le métier d’Ernest Gulliver, explorateur chevronné qui se trouve au début du roman sur le point de partir pour une mission périlleuse. 
J’ai particulièrement apprécié ce personnage pragmatique et loyal, néanmoins on en suit de nombreux autres comme Bastien, dandy un brin malchanceux qui étudie les créatures nées de la vape, mais a une fâcheuse tendance à la procrastination. On rencontre aussi un tueur en série sous ses dehors ternes et banals, une jeune femme en fuite, une gouvernante revêche, un détective aux motivations mystérieuses et quelques autres personnages qui, loin d’être des caricatures, se jouent des clichés qu’on croit chevillés à eux. 
Dans ce récit pluriel à la narration éclatée, les pistes se frôlent, se croisent sans cesse, jusqu’à converger. 
La Forêt des araignées tristes est un roman à strates, qui ne se contente pas de leurrer son lecteur par des effets de rythme, mais lui demande au contraire un minimum d’implication, tout en étant un excellent divertissement. Cependant, si j’ai aimé suivre les multiples ramifications du récit et découvrir un à un tous les personnages, j’ai été un peu déçue par la fin. 
Le roman se divise en trois parties et la dernière piétine en comparaison des deux autres. Le fait de suivre plusieurs personnages ralentit le rythme et nous contraint à revivre quelques scènes plusieurs fois sans que cela apporte beaucoup plus au récit. La conclusion elle-même, qui laisse beaucoup de choses en plan, m’a semblé un peu bâclée. J’attendais mieux de toutes ces histoires enchevêtrées.

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