mardi 5 mars 2024

La Fille dans l'écran

 Une BD de Lou Lubie et Manon Desveaux, publiée chez Marabulles.



Coline vit en France, à la campagne, chez ses grands-parents. Elle veut devenir illustratrice. Elle travaille sur un livre pour enfants tout en se battant contre ses crises d’angoisse. Marley vit au Canada et rêvait d’être photographe, mais elle s’est peu à peu laissé engluer dans les nécessités du quotidien. Un jour, Coline va tomber sur les photos de Marley et lui demander l’autorisation de s’en servir comme base de travail pour ses dessins et les deux femmes vont commencer à correspondre.
Coline et Marley étaient faites pour se rencontrer à ce moment précis de leur existence. Chacune va apporter à l’autre un nouvel élan.
Marley a perdu de vue ses idéaux et ses aspirations. Elle vit avec un homme très égoïste et toxique qui détruit petit à petit sa confiance en elle, alors elle a renoncé à s’épanouir dans son travail et ne fait qu’enchaîner les tâches sans motivation. Coline, quant à elle, manque aussi terriblement de confiance. Elle a souffert de phobie scolaire, ses crises d’angoisse minent son quotidien et seuls ses grands-parents semblent comprendre sa profonde détresse. Malgré tout, elle s’accroche. Le fait que chacune aime le travail de l’autre va leur apporter la confiance qui leur manque et les aider à garder le cap. Peu à peu, une forte amitié, et peut-être davantage, va se développer entre elles.
J’ai aimé apprendre à les connaître, comprendre d’où venaient leurs peurs, voir comment chacune soutenait l’autre, pas seulement avec des encouragements, mais aussi des critiques constructives. L’histoire est plaisante, mais je crois que c’est la dimension artistique de l’ouvrage que j’ai préférée.
Dans ce roman graphique à quatre mains, le quotidien des deux protagonistes est exposé en face à face. D’un côté on a Coline en noir et blanc, avec un fond plus dessiné et des cases qui s’adaptent souvent à l’état d’esprit du personnage, de l’autre Marley avec ses couleurs vives et ses planches structurées dans un quadrillage franc à l’image de Montréal où elle vit, mais aussi de son amour pour la photographie. La façon dont les planches se répondent est vraiment plaisante et ajoute à la poésie ainsi qu’à la subtilité de cette histoire. J’ai particulièrement aimé le jeu très esthétique entre les ombres et les couleurs quand leurs deux mondes se rejoignent. Les styles des deux dessinatrices vont très bien ensemble et se complètent efficacement.
Ce fut une excellente découverte.

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