lundi 25 avril 2011

Rue Farfadet

Un roman de Raphaël Albert, premier volume de la série « Les extraordinaires & fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé », publié chez Mnemos.

Résumé de l’éditeur :
Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Chapeau melon vissé sur le crâne, clope au bec, en compagnie de son fidèle ami Pixel, il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères à photographier, des maris jaloux, des femmes trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux que tout ceci. Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars, les cafés et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames...
Jusqu’au jour où, lors d’une banale enquête de routine, il se trouve mêlé à une machination dépassant l’entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l’affaire par l’un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ?
Dans ce premier roman Raphaël Albert déploie un art consommé de l’écriture. Il nous fait palpiter au rythme d’une histoire passionnante de bout en bout. Il trousse avec style un personnage attachant et original et invente un univers surprenant de fantasy steampunk où l’on croise centaures taxis, motos à vapeur et magie de bataille.

Il n’y a pas à dire, c’est rudement bien écrit. C’est aussi gouailleur que l’ambiance que nous annonce la quatrième de couverture, c’est mélodique, voire même poétique par moment, c’est enlevé, c’est inventif, l’écriture est charmante en somme.
Ce roman est bourré d‘humour, de jeux de mots et de clins d’œil. Ces facéties ne m’ont arraché que quelques sourires mais plairont sans doute beaucoup à un public plus joueur et moins cynique que moi.
L’univers dans lequel nous entraîne l’auteur est brossé avec soin, rempli de détails amusants. C’est appréciable de lire entre les lignes à quel point il sait où il nous emmène. Il a su soigner les moindres détails.
Oui, tout ça c’est très bien, cependant on arrive au « mais »… Ce fichu « mais » contrariant qui fait que je ne me suis pas laissé embobiner comme je l’aurais voulu…
C’est vrai, le style est excellent et je n’ai pas grand-chose d’autre que quelques coquilles à lui reprocher et qui du reste, à l’exception faite d’une ou deux, ne m’ont pas gênée plus que ça. A la rigueur, j’ai davantage été dérangée par l’usage de certaines expressions qui n’avaient rien à faire dans ce cadre-là, les « trop mortel », « c’est trop un bouffon » ou « total respect » qui, sans être légions, étaient suffisamment présentes pour qu’on les remarque et tranchaient sur le langage qu’on s’attend à trouver à une telle époque, langage un peu châtié tout en étant émaillé d’un argot désuet qu’on nous a d’ailleurs servi parallèlement et qui lui s’adaptait fort bien au contexte autant qu’au narrateur. Ces tournures anachroniques rencontrées au détour d’un paragraphe étaient d’autant plus agaçantes que le reste du texte était quant à lui pile poil dans le ton.
C’est un reproche mineur, me dira-t-on, face à l’inventivité délicieuse de ce récit. Oui mais voilà, si je pense effectivement que l’auteur a de quoi être fier du monde qu’il a créé et qu’il est plaisant de se laisser guider dans cet univers et de le découvrir page après page au fil de ses digressions, j’ai parfois eu l’impression d’être plus dans le petit guide de Panam que dans un roman de fantasy ou policier… C’est d’autant plus exaspérant que l’enquête, la vraie, semble se dérouler en parallèle de notre histoire pendant au moins la moitié du roman. Nous, lecteurs, nous n’en glanons que quelques miettes par-ci par-là pendant que nous suivons Sylvo… Et nous visitions un peu la capitale, nous apprenons comment fonctionne le royaume, quel est le contexte politique du moment… Mais, surtout, nous nous ennuyons un peu, collés que nous sommes aux basques de l’elfe… Sylvo, boit, Sylvo s’interroge, Sylvo nous parle un peu de Panam, Sylvo boit, Sylvo se plaint, Sylvo mériterait une baffe pour avoir laissé passer une piste intéressante parce qu’il préférait aller se pinter… Sylvo culbute une fille, Sylvo boit encore… Etc.
Vous conviendrez que ça devient vite lassant.
Que pourrais-je dire de plus de ce cher Sylvo si ce n’est qu’il a un peu trop tiré sur la corde de ma sympathie et que si le roman n’avait pas été si bien écrit j’aurais définitivement perdu patience ?
Alors oui, il m’a fait un peu pitié, mais non je n’ai pas réussi à m’attacher à lui et comme, pas de chance ma bonne dame, c’était le narrateur, les personnages secondaires n’ont pas vraiment eu la possibilité de sauver les meubles.
C’est bien dommage, parce qu’avec une action un peu plus soutenue et une intrigue plus complexe, je pense que ça aurait bien marché avec moi car j’ai apprécié l’ambiance, le soin apporté au background, l’usage de facsimilés d‘articles de journaux et de pubs… Franchement, c’était plutôt sympathique.
Un avis mitigé donc qui me fait hésiter quant à lire ou non la suite. Un de ces jours peut-être…


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