lundi 13 mai 2013

Ainsi commence la nuit

Un recueil de dix nouvelles et un poème de Vanessa Terral.


Vous pouvez vous le procurer sur le site The Book Edition en version papier ou en numérique version epub, soit auprès de l'auteur (voir les modalités sur son site), soit sur lulu.com. Il est également disponible en version kindle chez qui vous savez...


Je vous invite également à vous rendre sur cette page pour admirer certaines des illustrations qui se trouvent dans l'ouvrage et lire la présentation qu'en fait son auteur.


*





On les appelle parfois les « habitants de la Nuit ». Ils errent dans ces heures incertaines où l’humain n’est plus très sûr de ce qu’il voit. À la lisière de notre monde et de nos perceptions, leurs pas claquent sur le bitume en écho aux légendes urbaines et aux puissances oubliées.


À travers onze nouvelles, Vanessa Terral nous emmène sur la piste nocturne de ces créatures funestes et fascinantes. Puissiez-vous approcher vampires, fantômes et gardien des morts sans que votre âme ne soit assombrie par leurs tourments…


* Chaque nouvelle est accompagnée d'une ou plusieurs illustrations en noir et blanc. *



Sommaire


Nouvelles disparates




  • Mystères

  • Cet homme dans l’ombre du cyprès…

  • La Fontaine des Innocents

  • Red Cloud

  • Et si un chat…


Manu Sarmans, chroniques vampiriques




  • Dans un bar, récit d’une trahison

  • Ecce Homo

  • Juste un essai…

  • L’Ultime Tour de la Sainte

  • Les Aventuriers de l’Ordre du Temple, en collaboration avec Arnaud Terral


Poème




  • La Morsure froide


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Mon avis :


Ainsi commence la nuit est un recueil de nouvelles d’environ 160 pages qu’on peut diviser en deux parties. La première est composée de nouvelles indépendantes qui oscillent entre le fantastique et la fantasy urbaine. La seconde, quant à elle, regroupe les nouvelles constituant le cycle consacré à Manu Sarmans, vampire de son état. A cela s’ajoute un poème narratif qui peut être rattaché à la seconde partie.
Vanessa Terral a choisi de rééditer elle-même dans cet ouvrage des nouvelles qui avaient été au préalable publiées dans des fanzines et n'étaient à ce jour plus disponibles. Une seule, Red Cloud, est inédite.
L’objet-livre en lui-même est superbe. La texture de la couverture, ses illustrations et leurs couleurs m’ont séduite. Cependant, les illustrations qui jalonnent le texte sont aussi une part non négligeable du charme qui se dégage de cet ouvrage et apportent un vrai plus aux histoires qui y sont consignées.
C’est un très beau recueil, dans le fond comme dans la forme.


Pour commencer, parlons un peu des nouvelles qui composent la première partie.
Je les évoquerai une à une en tâchant de ne pas spoiler.


Mystère.
Celle-ci avait de quoi me mettre mal à l'aise. La mention seule d'un asile suffit à m'oppresser. Je suis un rien claustrophobe et c'est pour moi le summum de l'enfermement. Pour augmenter le malaise, ajoutons à cela les violences que subit le personnage principal et le compte est bon. Même si j'ai lu pire, je ne me ferai jamais à ce genre de choses, ce qui est pour moi un signe de bonne santé mentale.
C'est une nouvelle assez courte et Carmilla, oui c'est bien le nom de notre personnage central, prend toute la place, amenant cette sensation de malaise sur un autre plan. Cette femme elle-même suinte la « glauquitude », même si elle est, à sa façon, assez impressionnante. Bizarrement cela rééquilibre le tout.
Cette Carmilla est un archétype, voire plusieurs à la fois, mais présenté de la bonne manière, avec une symbolique riche. Il y a plusieurs pistes à explorer. Son nom est évocateur, bien sûr, et cela fait partie des pistes en question. Je n'ai pu m'empêcher de songer tout du long à l'autre Carmilla, la "vraie, la seule, l'unique". Il faut dire que j'ai une affection particulière pour cette dernière. Que je choisisse de voir la nouvelle de Le Fanu sous l'angle réaliste ou fantastique, je ressens envers elle une certaine empathie.
Ce n'est pas forcément le cas pour la Carmilla de Mystère, mais c'est un personnage indéniablement fascinant, surtout quand on considère tout ce qui la rapproche d’antiques déesses.


Cet homme dans l’ombre du cyprès…
Ce texte nous plonge dans une ambiance un peu particulière, mélange de tiédeur crépusculaire et d'insouciance juvénile. La narratrice, dans son envie de croire au surnaturel et la confiance qu’elle accorde si facilement aux autres en est même touchante.
Dans cette nouvelle, une bande de jeunes gens est en vacances en Grèce, plus précisément dans l'île de Cythère. Bien que je sois passionnée de mythologie, c'est à Brassens, qui l'a beaucoup chantée, que je dois d'avoir appris l'histoire mythique de l'île. Vous connaissez sûrement le mythe de Gaïa et Ouranos, pas besoin de vous le répéter. Mais quand Cronos émascula son père, les organes génitaux de celui-ci tombèrent dans la mer et se transformèrent en île. Ainsi naquit Cythère selon la cartographie mythique.
Brassens en faisait une métaphore du sexe et Cythère est restée pour moi l'image d'un lieu propice aux passions, comme c'est le cas dans cette nouvelle. Or, que serait Eros sans Thanatos ?
Je me vois mal en dire plus sans spoiler davantage. C'est une nouvelle à découvrir, agréable à lire, bien écrite et surtout originale, mais, seul bémol, les événements sont un peu rapides pour moi.


La Fontaine des Innocents.
C'est peu de dire que ce récit m'a plu. Je l'ai adoré. Peut-être en grande partie parce que j'aime le fantastique et les ambiances un peu oniriques, mais aussi parce que j'ai apprécié le personnage d'Isabelle. Une jeune fille qui n'aime pas se mêler aux gens de son âge et qui préfère lire dans son coin ça me parle, évidemment. Elle n'est cependant pas si asociale que ça, il suffit de l'apprivoiser.
J'ai surtout apprécié la morale de l'histoire, si tant est que l'on puisse appeler cela une morale. J'aime les textes qui nous poussent à voir au-delà des apparences, à découvrir ce qui est caché, comme le fait celui-ci.
Il m’a laissé un excellent souvenir de lecture qui, je pense, sera durable.


Red Cloud.
Les écrits de Vanessa Terral sont souvent liés à des légendes ou des mythes. C'est un des aspects que j'apprécie le plus dans son inspiration. Néanmoins, je n'en ai pas vus dans Red Cloud, ce qui ne signifie pas forcément non plus qu'il n'y en a pas. D’une certaine façon, ça m’a surprise, mais ça ne m’a pas empêchée d’apprécier cette nouvelle pleinement ancrée dans la fantasy urbaine. Il est très plaisant de découvrir une autre facette de l’inspiration d’un auteur qu’on apprécie.
Dans Red Cloud, un vampire qui s'est conformé toute sa vie à l'image que l'on a de lui à cause de son apparence commence à voir les choses autrement grâce à son don et ses... fréquentations.
C'est une nouvelle très bien écrite. Le style s’adaptant au personnage, j'ai particulièrement apprécié la gouaille de son narrateur. L'histoire est également surprenante par les tours particuliers qu'elle prend. Je n'ai regretté qu'une chose : sa fin un peu abrupte. Je voulais en savoir plus ! Mais c'est le cas pour toute bonne nouvelle qui se respecte...
Celle-ci est définitivement l’une de mes préférées.


Et si un chat…
Chasse nocturne à travers les rues de Paris. Un chat, mais est-ce vraiment un chat ? Et sa proie, mais quelle proie ? Se livrent un duel acharné. L’un pour se sauver et l’autre pour… vous verrez bien.
Sur le moment j’ai pensé que cette nouvelle ne me laisserait pas un souvenir impérissable. Bien écrite, suspense maintenu jusqu’à la fin, mais bon, je n’y trouvais pas vraiment de quoi éveiller et maintenir mon intérêt, même si j’aime les chats et que la traque est parfaitement rendue, jusqu’à devenir oppressante.
C’est dans la seconde partie que s’est révélé toute l’importance de ce texte, car il se déroule dans le même univers que les aventures de Manu. Le fait de le voir s’inscrire dans la continuité plus complexe d’un cycle de nouvelles, même s’il est un peu à part, me l’a fait percevoir autrement et apprécier à sa juste valeur.


Emmanuelle Sarmans.


Après les nouvelles indépendantes, Vanessa Terral nous propose un cycle, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je ne sais pas si les nouvelles auraient eu la même portée individuellement, je n’ai pas réussi à les envisager autrement que comme un roman fragmenté et c’est tout aussi bien. J’ai adoré cette seconde partie. Il a été très frustrant de ne pas pouvoir lire toutes les textes à la suite, car nous avions décidé avec Nairo, ma co-lectrice, de ne lire qu’une nouvelle par jour.


Cette seconde partie débute par une courte présentation, avec un lexique et un arbre généalogique comportant des portraits des membres de la lignée de Manu. Le tout nous permet de nous immerger tout de suite dans son univers, ce qui est très appréciable.
Pour ceux qui détestent interrompre leur lecture, il n’y a guère besoin de se référer sans cesse au lexique tant les termes sont habituels pour qui est amateur de lectures vampiriques. Je pense qu’il est surtout là pour la forme, les néophytes et pour nous faire entrer plus vite dans le bain.


Ce cycle de fantasy urbaine m’a réellement emballée. Le fait que je me sois très vite attachée à Manu y est sans doute pour beaucoup. C’est un personnage très intéressant et plus j’ai appris à la connaitre, plus je me suis rendue compte de la richesse de son histoire personnelle. J'aime beaucoup les personnages si travaillés qu'ils en paraissent vivants et c'est le cas pour elle. J'ai apprécié de découvrir sa vie petit à petit et pas forcément de façon linéaire, même s’il reste encore beaucoup à découvrir.
Pour une vampire, Manu est très humaine. Elle cherche sa place dans le monde, une façon de vivre qui serait en accord avec ses principes et qui lui offrirait une certaine stabilité. Elle a son petit caractère, est un peu peste sur les bords, une éternelle gamine qui ne vieillira ni ne changera plus, mais elle a ce côté protecteur et tendre de la grande sœur qui la rend très attachante.
Manu a besoin des autres, de sa meute, mais ses liens avec elle sont brisés d’une certaine façon et elle en souffre. Il vous faudra lire son histoire pour en savoir plus, mais si vous obtiendrez ainsi la grande majorité des réponses, il se pourrait que, comme moi, vous regrettiez de n’avoir pas passé plus de temps avec elle. J’aurais aussi aimé connaître mieux ses ascendants et descendants.
Sur toutes les nouvelles qui composent son histoire, une seule est écrite à la première personne, dans un style qui s’adapte parfaitement à Manu et nous permet de mieux cerner le personnage, sa façon de penser et sa personnalité, mais aussi sa quête personnelle, ses envies et ses angoisses. Ce n’est pourtant pas ma nouvelle préférée, même si c’est un pivot du cycle.
Comme je l’ai déjà précisé, l’histoire n’est pas linéaire et nous balade selon les désirs de l’auteur. On entre dans l’univers de Manu par un récit qui effleure à peine sa vie et on termine avec une nouvelle qui nous la montre plus forte, même si elle n’est pas tant assurée qu’elle voudrait le faire croire, et enfin entrée sur la voie de celle qu’elle souhaite devenir. Toutefois, mon texte préféré est celui qui nous la fait découvrir, jeune vampire encore un peu naïve, et nous conte une part de ses origines, tout en nous révélant d’où vient l’une des grandes brisures de son être.
J’étais chagrine de quitter Manu et si j’espère lire un jour d’autres nouvelles concernant sa lignée et elle-même, je dois tout de même avouer que ce cycle est très complet.


Morsure Froide.
Je ne suis pas particulièrement amatrice de poésie, je me contenterai donc d’évoquer le récit plus que la forme que l’auteur lui a donné, même si celle-ci a son importance. Au moyen-âge, la prose était très secondaire, pour ne pas dire insignifiante, et cela renforce l’idée que ce poème vient de cette époque. Dans sa forme, dans les événements qu’il décrit, il est vraiment lié à cette période, à son mode de pensée et son imagerie. J’aime l’idée de vouloir en faire une légende que se transmettraient les vampires en lui donnant la forme qui la rendrait crédible. Il s’agit en effet du récit de leurs origines et celui-ci est vraiment original. J’ai lu beaucoup d’histoires de vampires et n’ai jamais rien trouvé de semblable.
Derrière ce texte qui, à ce qu’il pourrait sembler de prime abord, ne paie pas de mine, il y a beaucoup de travail.


Ainsi commence la nuit est un excellent recueil qui saura enchanter les lecteurs qui connaissent déjà Vanessa Terral, mais aussi ceux qui souhaitent découvrir son écriture et son univers. Je ne peux que vous le conseiller chaleureusement.


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3 commentaires:

  1. […] Enfin, j’aurai également avec moi les derniers exemplaires papier (si on exempte ceux de l’Antre-Monde) du recueil Ainsi commence la Nuit. Si vous souhaitez vous le procurer sans payer de frais de port, ça sera l’occasion ou jamais! (Enfin, pas sûre à 100%, mais les stocks baissent bien et je ne referai aucun tirage.) Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici une toute nouvelle chronique qui prend le temps de vous parler de chaque texte (cliquer ici pour la lire). […]

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  2. le coup du cyprès ça me tente bien :)

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  3. Je pense que tout le recueil est de nature à te plaire. ;) Bisous ma belle.

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