Un roman de A.J. Finn, en version audio chez Lizzie.
Lu par Gaëlle Savary.
Présentation de l'éditeur :
Elle a tout vu, mais faut-il la croire ?
Séparée de son mari et de leur fille, Anna vit recluse dans sa maison de Harlem, abreuvée de merlot, de bêtabloquants et de vieux polars en noir et blanc. Quand elle ne joue pas aux échecs sur internet, elle espionne ses voisins. Surtout la famille Russell – un père, une mère et un adorable ado –, qui vient d'emménager en face. Un soir, Anna est témoin d'un crime. Mais comment convaincre la police quand on doute soi-même de sa raison ?
La Femme à la fenêtre est un thriller, un huis-clos angoissant dont l’intrigue se met en place petit à petit. Et c’est tout ce que j’aime dans le genre.
On y rencontre Anna, cloîtrée chez elle depuis dix mois suite à un traumatisme. Anna regarde des vieux films, joue aux échecs en ligne, rumine son mal-être et… observe ses voisins via l’objectif de son appareil photo. Comme elle est la narratrice et que j’ai choisi de découvrir ce roman dans son format audio, cela a renforcé l’impression d’écouter les confidences de cette femme qui s’analyse, avec cynisme ou auto-apitoiement selon les moments. Malgré tous ses problèmes, Anna semble rester à flots, en tout cas avant qu’elle ne soit témoin d’une agression de l’autre côté de la rue. C’est une femme intelligente, qui se raccroche aux petites choses, mais qui souffre d’une profonde dépression, abuse des médicaments et de l’alcool. Qui pourrait prendre son témoignage au sérieux dans ce contexte ?
La façon dont A.J. Finn raconte cette histoire est vraiment agréable. On prend place dans le décor d’Anna, elle se raconte, son univers restreint, ses habitudes, sa famille absente, ses crises de panique… Et peu à peu on s’enferme avec elle. Le personnage est très crédible, je dirais même attachant. J’ai oscillé entre compassion et envie de l’assommer avec une de ses bouteilles de merlot. Mais j’ai toujours voulu la protéger…
Pendant une partie du roman, il ne se passe pas grand-chose de significatif, du moins semble-t-il. Je crois que ça peut gêner les lecteurs qui espèrent de l’action effrénée d’un bout à l’autre du récit, mais moi j’ai adoré cette lenteur et l’ambiance que l’auteur a su créer. J’ai expérimenté les angoisses d’Anna avec elle en la découvrant au fil de ses confidences. J’ai ressenti une grande, une immense, empathie pour cette femme.
Ce roman a été une lecture très perturbante. Je pense que le fait de l’avoir écouté plutôt que lu y a participé. Cela a contribué à renforcer cette ambiance de huis-clos dans lequel je me suis sentie piégée, comme Anna. Mais au-delà de l’aspect thriller du récit, j’ai été happée par les angoisses du personnage. Peut-être parce qu’elles font écho à certaines des miennes. Plus que le supposé meurtre, c’est cet élan d’empathie qui m’a donné quelques coups de poings à l’estomac de temps à autre.
En outre, l’agression dont Anna dit avoir été témoin n’est pas la seule énigme à résoudre. Qu’est-il arrivé à notre narratrice ? Pourquoi vit-elle seule dans cette grande maison ? Quel traumatisme l’empêche de sortir ? Avant qu’elle n’enlève un par un les voiles qui recouvrent son existence de recluse, vous pourrez tenter de résoudre ce mystère au fil des indices glanés dans ses confessions.
J’ai deviné certaines choses, été choquée par d’autres. C’est juste la bonne mesure pour se sentir futée mais apprécier quand même l’enquête.
Le récit est très prenant et en même temps on a parfois l’impression de s’enliser avec Anna dans les médicaments et l’alcool. De multiples références aux vieux films qu’affectionne tant la jeune femme se mêlent savamment aux événements.
Je suppose que le fait que le récit soit narré à la première personne fait de ce roman un de ceux qui se prêtent le mieux à l’adaptation audio. En tout cas j’ai adoré l’écouter et résoudre ce mystère en même temps qu’Anna. Enfin, avant elle puisqu’elle a collecté les indices pour moi, mais était trop éprouvée pour les analyser tout de suite. Ceci dit, se battre contre l’auteur, d’esprit à esprit, est le but de ce genre d’ouvrages et ce fut une excellente partie. Je dois admettre que parfois j’ai douté de ce que je j’avais entrevu. Mais mes tendances paranoïaques ont parlé… Cependant, il y a au moins une chose sur laquelle l’auteur m’a leurrée. Peut-être que je n’avais pas voulu la voir. Sans doute n’étais-je pas prête à la supporter…
En tout cas, ce roman valait le coup. C’est un très bon thriller, bien écrit et qui ne laisse pas le lecteur passif.
L’interprétation de Gaëlle Savary est parfaite. J’ai déjà pu apprécier cette lectrice très expressive dans Vox, mais La Femme à la fenêtre donne une plus grande mesure à l’expression de son talent de conteuse. Cela a grandement participé à mon engouement pour ce roman.
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