Un feuilleton de Laurent Copet, publié chez Realities Inc.
Ne lisez pas cet avis si vous n’avez pas lu les épisodes précédents.
Cet épisode est un peu plus calme que les précédents. Les choses semblent se tasser, mais n’est-ce pas pour mieux pourrir comme les feuilles mortes que l’on repousse au fond du jardin ? Le lecteur avance précautionneusement entre les factions qui se forment, l’expérience lui a appris que l’équilibre est vite rompu sur la falaise. Tout peut arriver.
On en apprend toujours davantage sur le clan et cela m’a beaucoup plu. Dans l’épisode précédent, l’on découvrait la précarité du statut de saisonnier, dans celui-ci l’auteur nous en dit plus sur la rudesse de la vie sur la falaise quand on se trouve aussi bas dans la hiérarchie et sur les injustices subies par les saisonniers. Ceci explique beaucoup pourquoi certains ont aveuglément obéit à Lost Arrow et Brouillard Givrant dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie. Si on ne peut les blâmer d’avoir voulu s’élever socialement, jusqu’où est-il acceptable d’aller pour sauver sa peau ? La limite est si facilement franchie entre les nécessités de la survie et la cruauté gratuite. C’est là toute l’ambiguïté de cette série.
Si certains envisagent de changer pour aller vers un système plus juste, d’autres continuent de s’enfoncer encore plus loin dans l’individualisme et la sauvagerie.
Cet épisode est axé sur la réflexion, la remise en cause des lois et traditions du clan, notamment l’injonction d’oublier le passé sous peine d’être happé par le Néant. Ce que l’on avait entrevu dans les épisodes précédents, notamment en compagnie d’Ombre du Néant, le grand-père de Vol Parfait et dernier des fabulistes, se précise.
On se rend compte que le rôle de chacun est primordial et que tout est déséquilibré quand une compétence manque. Le partage du savoir ne devrait-il pas être une priorité dans ce cas ? La transmission d’une charge de père en fils semble logique même si elle ne favorise pas le développement de compétences inhérentes à l’individu. On se souvient que Salto Angel n’éprouvait aucun intérêt pour le métier de son père ou que l’oncle de Vol Parfait était un exécrable tisseur. Il est évidemment plus facile d’apprendre son métier à quelqu’un de sa propre cordée puisqu’on passe du temps avec lui. Cependant les femmes ne sont guère instruites de ces tâches essentielles, ne devant s’occuper que des enfants et de l’aménagement du camp. Les instruire aurait été une manière de partager ce savoir dans d’autres cordées, juste pour s’assurer que ces compétences ne soient pas perdues.
On sent que le savoir s’est raréfié, accaparé par certains pour assurer leur subsistance, comme on a éliminé les problèmes au fur et à mesure. On n’a plus appris aux gens à compter, laissant ce savoir et donc ce pouvoir au Chiffreur. On a éliminé les fabulistes qui se souvenaient du passé, du temps où les gens savaient lire et où les lois étaient différentes. On a poussé les anciens à décrocher en pensant s’élever plus vite vers le sommet, pourtant c’est leur savoir qui a nourri le clan dans les temps difficiles comme lors de la traversée du désert.
Ce qui a fait du clan ce qu’il est à ce jour est au cœur de cet épisode et c’est pour cela qu’il m’a tant plu. Il y a une grande réflexion sur la nature humaine dans cette série et c’est ce qui a accroché mon attention dès la première saison.
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